La paire EUR/USD a atteint 1,0735 jeudi, son plus haut niveau depuis début juin. Elle aborde la clôture hebdomadaire aux alentours de 1,0620, conservant des gains substantiels et prête à les étendre.
La semaine a été chargée en événements de premier plan, certains d’entre eux étant attendus et d’autres apportant des surprises aux conseils financiers. Les États-Unis ont publié mardi l’indice des prix à la consommation (IPC) pour le mois de novembre, qui a augmenté à un rythme annuel de 7,1 %, en baisse par rapport aux 7,7 % précédents, et inférieur aux 7,3 % anticipés par les acteurs du marché. Le relâchement des pressions sur les prix a confirmé la voie nouvellement adoptée par la Réserve fédérale (Fed), à savoir un ralentissement du resserrement quantitatif, ce qui a suscité l’optimisme. Le billet vert s’est effondré alors que les marchés boursiers ont progressé.
La Réserve fédérale n’est pas près de suspendre ses hausses de taux d’intérêt
La banque centrale américaine a annoncé sa décision mercredi et, comme prévu, elle a relevé le taux de référence de 50 points de base (pb). Étonnamment, le communiqué qui l’accompagnait était pratiquement inchangé par rapport au précédent.
D’autres surprises sont venues du résumé des projections économiques de la Réserve fédérale (SEP) et du président de la Fed, Jerome Powell. Les décideurs ont revu à la hausse les prévisions d’inflation tout en revoyant à la baisse les perspectives de croissance.
“Les données d’inflation reçues jusqu’à présent pour octobre et novembre montrent une réduction bienvenue du rythme mensuel de la hausse des prix. Mais il faudra beaucoup plus de preuves pour donner confiance dans le fait que l’inflation est sur une trajectoire descendante durable”, a déclaré M. Powell. En outre, la banque centrale ne voit pas de fin immédiate aux hausses de taux mais a annoncé que d’autres hausses étaient prévues.
Les participants au marché ont d’abord accueilli favorablement la décision de la Fed, avant de la reconsidérer jeudi. Des chiffres chinois plus faibles que prévu et le fait que la Réserve fédérale américaine ne renoncera pas au resserrement monétaire ont déclenché une vente d’actifs à haut rendement et ont stimulé le dollar américain.
La Banque centrale européenne a surpris par son attitude hawkish
La Banque centrale européenne (BCE) a également décidé de sa politique monétaire ces jours-ci. L’euro a bondi après l’annonce de la BCE, la banque centrale ayant annoncé une hausse des taux de 50 points de base, mais pour une fois, la présidente Christine Lagarde s’est montrée belliciste. Lagarde a annoncé un nouveau resserrement quantitatif, par la fin du programme APP. Le portefeuille actuel diminuera à un rythme mesuré et prévisible à partir de mars 2023, annonçant qu’il n’y aura pas de réinvestissement des titres arrivant à échéance. La baisse moyenne mensuelle sera de 15 milliards d’euros jusqu’à la fin du deuxième trimestre de 2023. Par ailleurs et dans le cadre de la conférence de presse, Mme Lagarde a déclaré que les responsables politiques s’attendent à augmenter les taux “de manière significative” car l’inflation est beaucoup trop élevée, ajoutant qu’il est “évident” qu’il faut s’attendre à d’autres hausses de 50 points de base pendant un certain temps. Enfin, elle a déclaré qu’une éventuelle récession serait de courte durée et peu profonde.
L’inflation et la croissance sous surveillance
En effet, l’inflation dans la zone euro reste élevée, puisque l’indice des prix à la consommation de novembre a été confirmé à 10,1 % en glissement annuel, soit plus que l’estimation préliminaire de 10,0 %. L’IPC allemand pour la même période a été confirmé à 11,3 %, un sommet de plusieurs décennies.
Les propos de Mme Lagarde ont poussé l’EUR/USD vers le sommet susmentionné, mais les préoccupations liées à la croissance ont pesé davantage. Wall Street a plongé et a permis au dollar américain de regagner un peu de terrain.
Ainsi, l’inflation reste un problème majeur et la croissance n’a pas encore atteint son niveau le plus bas. L’optimisme s’est effondré, tout comme les marchés boursiers. Un mot d’avertissement, à ce stade, ce scénario ne sera pas suffisant pour sauver le dollar américain mais limitera plutôt le potentiel haussier de l’euro.
À l’approche des vacances d’hiver, le calendrier macroéconomique n’a pas grand-chose à offrir la semaine prochaine. Les chiffres les plus importants seront l’estimation finale du produit intérieur brut (PIB) américain, qui devrait être confirmée à 2,9 %, et les commandes de biens durables de novembre, qui devraient rester inchangées.
Analyse technique EUR/USD
D’un point de vue technique, l’EUR/USD peut continuer à progresser. Le graphique hebdomadaire montre que la paire continue de se développer bien au-dessus d’une moyenne mobile simple (SMA) de 20 désormais haussière, qui se développe actuellement autour de 1,0100. La SMA 100 se dirige vers le sud sous la SMA 200, toutes deux bien au-dessus du niveau actuel. Enfin, les indicateurs techniques conservent des gains proches des niveaux de surachat, avec le Momentum qui consolide actuellement et l’indice de force relative (RSI) qui vise le nord, autour de 62.
Selon le graphique journalier, les haussiers contrôlent également l’EUR/USD. La paire continue de se développer bien au-dessus de toutes ses moyennes mobiles, avec la 20 SMMA se dirigeant fermement vers le nord au-dessus des plus longues. Les indicateurs techniques, dans le même temps, ont perdu leur force directionnelle mais consolident bien au-dessus de leurs lignes médianes, indiquant l’absence d’intérêt pour la vente.
L’EUR/USD a atteint un sommet à 1,0786 en mai, et les acteurs du marché chercheront à franchir ce niveau à la hausse pour continuer à ajouter des positions longues. Une fois ce niveau franchi, la voie est toute tracée vers 1,0900. Des baisses correctives dans le cadre de prises de bénéfices peuvent pousser la paire vers la zone de prix de 1,0500/30, même si les acheteurs réapparaîtront probablement dans la région.