L’économiste senior du groupe UOB, Alvin Liew, passe en revue les derniers chiffres avancés du PIB du deuxième trimestre de l’économie américaine.
L’estimation avancée du PIB américain au deuxième trimestre a surpris à la baisse avec une contraction de 0,9 % en glissement trimestriel (contre -1,6 % au premier trimestre). Il s’agit de la première baisse consécutive du PIB depuis le premier semestre 2020, au moment du déclenchement de la pandémie de COVID-19, et elle répond donc aux critères habituels de récession technique. Mais cela reste loin de la considération d’une récession complète car il y a des parties de l’économie encore en expansion.
La baisse du PIB au 2e trimestre a été attribuée aux diminutions des stocks privés, de l’investissement fixe résidentiel, des dépenses du gouvernement fédéral, des dépenses des gouvernements étatiques et locaux, et de l’investissement fixe non résidentiel (dépenses des entreprises). Cette baisse a été partiellement compensée par la moindre augmentation des dépenses de consommation privée et par un rebond des exportations nettes. La chute du taux d’épargne personnelle des États-Unis à 5,2 % au deuxième trimestre (contre 5,6 % au premier trimestre), le taux le plus bas enregistré depuis 2008, est particulièrement préoccupante. Couplée aux augmentations plus faibles que prévu du PCE au 1er semestre 2022, la baisse du taux d’épargne a été considérée comme un signe de la façon dont l’accélération de l’inflation ronge les dépenses, et c’est un élément qui devra être surveillé car l’accélération de l’inflation pourrait nuire davantage aux dépenses.
Compte tenu de la baisse décevante du 2T, nous prévoyons maintenant que la croissance du PIB sur l’ensemble de l’année sera encore plus faible de 0,2 ppt à 1,8 % en 2022 (par rapport à la prévision précédente de 2,0 %) et qu’elle diminuera encore à 1,5 % en 2023 (inchangé par rapport à la précédente), ce qui est inférieur à la croissance tendancielle que nous estimons à 1,8 %. Les perspectives de croissance reflètent l’aggravation de l’évaluation de l’impact négatif sur la croissance dû à la situation d’inflation élevée et aux hausses agressives des taux de la Fed Cela dit, le risque d’une récession en 2023 a augmenté en même temps que le cycle de resserrement agressif de la Fed.
Perspectives du FOMC : La contraction du PIB au premier semestre ne modifie pas les perspectives du FOMC de septembre, qui prévoit une hausse des taux de 50 points de base. La nécessité de maîtriser l’inflation élevée signifie que la Fed continuera de relever les taux d’intérêt jusqu’à la fin de l’année, mais pas dans des proportions de 75 points de base ou plus.